CELINE MAYEUR, ECRIVAIN

FIÈVRE GITANE

 

 

 

Roman Littéraire

 

 

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 Illustration de Sophie Dumas.  http://lechevaldelumiere.blog4ever.com/

 

FIÈVRE GITANE, roman fantastique de Céline MAYEUR

« Fièvre gitane » est le second roman fantastique de Céline Mayeur où se mêlent magie et romantisme.

Au fond d’une malle enfouie sous les combles d’une demeure normande, Tristana découvre un manuscrit inachevé dont elle entreprend la lecture.Cet ouvrage poétique retrace les amours déchirantes de Juanna, une gitane analphabète un peu sorcière, et de Louis, garçon aisé nourri aux Belles Lettres qui va prendre en charge l’instruction de Juanna.
À l’abri d’une cabane aux Saintes-Maries-de-la-Mer, élève et maître vont apprendre à se connaître et à s’aimer, avant que la jalousie dévastatrice de Juanna n’entraîne Louis dans une spirale infernale.

Ce roman imprégné de sable, aux senteurs de sel et de fleurs, est un appel au voyage et à la rêverie. Souvenirs d’une étreinte, d’un baiser, d’une complicité, mais aussi de violentes disputes, « Fièvre gitane » est un recueil de récits, de lettres et de pages de journaux intimes, que Tristana a rassemblés pour en faire une histoire poignante.

ISBN : 978-2-36579-092-5 - EAN : 9782365790925

 

Roman bientôt disponible dans les librairies virtuelles et commandable en librairie.

Disponible en rayon dans certaines librairies.

 

 

 Extrait 

Ci dessous le prologue:

 

 

 

Normandie, le 05 juin 20..

Quand j’égrène mon passé pour me remémorer les circonstances
de mon accident, la caravane des gitans s’inscrit mécaniquement sur
ma rétine. Cette caravane qui me coupa dangereusement la route
alors que je m’engageais sur la rocade.

Depuis cette collision, quelques traumatismes voilent mon existence.
Il me fallait fuir Paris.

J’eus la volonté de m’établir en Normandie pour aérer mon âme
et mon corps en pérégrinant le long de la côte d’Albâtre. J’y promenais
mon ennui, ma douleur et mes larmes, qui semblaient confluer
pour se perdre dans la salinité marine. Ma nouvelle demeure, bien
qu’elle parvînt difficilement à alléger mes souffrances, calma mes
angoisses.

La magnificence du jardin se dessinait sous mes yeux abîmés dès
le moment où je passai sous les charmilles sur lesquelles tombait en
grappe l’ombre pourpre des lilas. Je déambulais sur l’immense tapis
d’herbe grasse et drue. Le ciel de craie se parait des fleurs des cerisiers
qui s’épanouissaient sous l’épais moutonnement des nuages
diaprés d’embrun. Les gouttes de pluie glissaient sur les boiseries
d’un kiosque recouvert de jasmin pour rouler sur les eaux émeraude
d’un bassin dont les rives semblaient avoir été entretenues par les
mains magiciennes d’un poète botaniste. Derrière les brillantes
larmes des saules, resplendissaient en effleurant les roses baccara, les
pompons bleu tendre des hortensias qui prenaient racine sur des
éclats d’ardoise. C’est du haut de la tour qui surplombait l’ensemble
de ma maison que j’appréhendais toutes les beautés qui s’offraient à
moi en bordant ma lassitude, ma colère et mes maux.

Comme ma coquetterie m’invitait à me rendre dans les combles
que j’avais très récemment emménagés en dressing, je me mirais sur



les pans de glace en pestant contre la mydriase qui masquait à jamais
le bleu de mes yeux. Je fus distraite de mon amertume lorsque mon
regard accrocha une ligne sombre qui se mouvait au pied d’un des
miroirs. Chaussant mes lunettes qui couronnaient ma chevelure
éparse, je m’accroupis sur le tapis d’orient pour examiner ces insectes.


Toutes ces fourmis !!! Elles s’infiltraient entre les mailles d’un
panier empli de lettres. Piquée par la curiosité, je ravalai ma mélancolie
et, m’emparant de cette vannerie, courus m’installer dans ma
chambre afin d’en découvrir à mon aise le contenu.

J’y trouvai l’une de ces boîtes à cigales sans valeur pécuniaireaux motifs provençaux : probablement un souvenir de vacances. À
l’intérieur de la boîte, des cigales de fer bruissaient en imitant leur
cantique. J’arrachai à leur étreinte métallique une affreuse bague en
plastique tout abîmée : le comble du mauvais goût. Je m’apprêtais à
me débarrasser de cet immonde objet lorsqu’un portfolio attira mon
attention. J’en extrayai quelques photos sur lesquelles apparaissait un
couple.

Cet homme et cette femme ! Il était certain que je les avais déjà
croisés quelque part. La noblesse qui se devinait sur les traits de
l’homme et l’air éperdu de la femme m’avaient marquée. Mes traumatismes
embrument trop souvent ma cervelle. Une fois de plus, je
ne pouvais guère mettre de noms sur ces visages qui me semblaient
pourtant si familiers.

Le bon sens me souffla de contacter l’ancienne propriétaire, Sibylline
Gris, l’architecte paysagiste qui avait transmué le prosaïque
parc de cette demeure en jardin des rêves. Elle était sans nul doute
une parente ou une amie de ce couple et serait en mesure de leur
restituer ces objets.

Pourtant, l’attrait du mystère me poussa à chercher un peu plus
loin en plongeant mes mains au fond du panier qui était aussi haut
qu’une valise. Au milieu de toutes ces lettres nouées de rubans, de
journaux intimes et de cartes postales, je découvris un manuscrit.

J’ai consacré deux jours entiers à la lecture de ce roman. Il me fut
un prétexte pour ne point quitter mon foyer de crainte d’être vue



ainsi, avec ma béquille. Je me sentais revivre pleinement à travers
ces lignes enchanteresses. J’en oubliais tous les désagréments de ma
nouvelle apparence et l’avilissement de mes sens. Cet ouvrage, bien
que noué d’une élégante écharpe fantasque, contenait quelques vérités
si fabuleusement démontrées par des récits poignants que je
m’imprégnais voluptueusement de l’essence de cette prose romanesque.
Elle me consolait en élucidant tous ces secrets qui mordaient
mon coeur : cette insondable inquiétude qui inondait mon esprit
d’amertume parce que je craignais de me voir dépérir avec les années,
à demi convaincue que ma vigueur, mon intelligence et ma
beauté me seraient soustraites avec le temps, et que je ne gagnerais
en compensation d’une longue période de décrépitude qu’une place
dans le cimetière de mon choix.

Alors que cette triste perspective s’invitait dans mon regard prématurément
vieilli, l’espoir d’un ailleurs, d’une vie après la mort me
rendit un peu de sérénité.

Si j’avais su que l’écriture de ce roman avait été suspendue parce
que l’un de ses auteurs, Juanna Marie-Madeleine des Finthes, était
atteinte de la maladie d’Alzheimer, je n’aurais point parcouru ces
pages de crainte de heurter ma sensibilité à fleur de peau.

Mon travail se résume à quelques mises en page et à la correction
de quelques coquilles. Toutes les informations que je détiens sur les
auteurs de ce roman se limitent aux entretiens avec leur fille aînée
Sibylline Gris. Je la conviais régulièrement dans cette maison qui fut
la sienne après avoir été celle de ses parents. Cette charmante personne
me fit le don précieux de son amitié alors qu’elle ignorait encore
que j’étais la fille de… qui connaissait ses parents, que moi-
même j’avais côtoyés lorsque j’étais enfant. D’après ses dires, ces
fantaisistes vivaient une véritable passion qui les incitait à s’entredéchirer,
dans l’unique dessein de se suturer l’un l’autre les plaies du
coeur qu’ils s’infligeaient par de réjouissantes réconciliations. Même
s’ils affabulaient dans la vie quotidienne comme dans leurs écrits, il
est certain que des événements paranormaux bouleversèrent leur
existence.

9



Louis Honoré des Finthes, effondré par la maladie de sa femme
qui anéantit son inspiration comme le lierre parvient à la longue à
détruire certaines fondations solides seulement en apparence, opina à
ma démarche en me gratifiant de compliments à faire rougir même
les plus insensibles.

Le lecteur devra faire la part du vrai et du faux dans ce roman
fantastique. Je peux en revanche attester de l’authenticité des correspondances
que j’ai disposées à la fin du roman. Selon moi, elles
donnent suite au récit. Certaines lettres étaient à l’origine des courriels
imprimés ou recopiés minutieusement par leur réceptrice et leur
récepteur. Bien évidemment, j’avais préalablement effectué une sélection
au sein de ce foisonnement de lettres que j’avais numérotées
puis classées selon différents critères.

Certaines personnes dotées d’une sensibilité semblable à la
mienne se plairont à effeuiller l’ensemble de ce récit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



04/10/2014
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